jeudi 31 mars 2016

Peste rouge

Angèle observe le village meurtri. Hommes, femmes et enfants gisent dans les rues, agonisants ou morts. Les plus vaillants titubent, les regards embués de larmes tournés vers un dieu qui semble les ignorer. Sur leur peau les bubons forment des cloques vibrantes, prêtes à éclater. Les malheureux connaissent leur affection. Ils en ont entendu parler, elle fait des ravages partout dans le pays. La contracter signifie la mort à brève échéance, dans d'atroces souffrances.
La femme dégaine son glaive. Cette maladie démoniaque emporte les âmes vers Satan le déchu. Ce traître odieux a semé sur le pays les germes de cette horreur. Il récolte des âmes à la pelle.
Elle doit mettre un terme à cette ignominie.
D'un geste ample, elle tournoie sur elle-même et tranche la tête d'un malade. Dans son élan, elle pourfend une femme enceinte d'un coup d'estoc. Puis elle tranche le buste d'un vieillard, pour abattre son épée sur le crâne d'une fillette. Elle achève un mourant, éventre un mendiant, perce le cœur d'un jeune homme.
En les tuant avant que la maladie ne les emporte, les âmes se dirigeront vers le seigneur miséricordieux, Angèle en est certaine.

Tant pis si sa peau se parsème de cloques. Elle fera de son mieux.